J’étais dans mon restaurant, en train de servir quelques clients, lorsque mon regard s’est posé sur une table au fond. Une femme âgée, d’apparence douce et bienveillante, était assise en fauteuil roulant. Ses cheveux grisonnants étaient bien coiffés et son regard, empli de sagesse et de tendresse, me rappelait ma propre mère. À côté d’elle, un jeune homme, probablement son fils, semblait être là à contrecœur. Il avait à peine échangé un mot avec elle, son visage fermé, et son attitude distante laissait une étrange tension dans l’air.
J’observais discrètement, me demandant pourquoi un fils pouvait être aussi froid avec une mère qui semblait si douce et aimante. Soudain, la femme renversa accidentellement un verre d’eau, ce qui attira l’attention. La scène aurait pu être banale, mais ce qui suivit me coupa le souffle. Le jeune homme éclata de colère, ses mots pleins de mépris :
C’est trop ! Toujours ces scènes ! Pourquoi tu ne peux pas juste être calme pour une fois ? Tout le monde nous regarde ! Je t’avais dit que je n’avais pas envie de venir, mais toi, tu m’as énervé à vouloir sortir !
La mère, les yeux remplis de larmes, murmura à peine :
D’accord… On part…
Je sentis une bouffée de colère m’envahir. En tant que propriétaire, mais aussi en tant que personne, je ne pouvais pas laisser cette scène se dérouler sous mes yeux. Sans réfléchir, je m’approchai de leur table, déterminée à intervenir.
Je me plantai devant lui et, sans lui laisser le temps de réagir, je lui dis fermement :
Tu vas te taire et m’écouter. Il est grand temps que tu comprennes quelque chose.
Il me regarda, surpris, tandis que la femme, toujours silencieuse, baissait les yeux. Je continuai :
Peu importe combien de fois tu lui fais du mal, elle sera toujours là pour toi. C’est à toi de décider si tu veux être l’homme qu’elle mérite, ou si tu veux être celui qui brise son cœur. À toi de voir.
Il se leva, la colère dans ses yeux se transformant en un éclat d’incompréhension. La mère, doucement, se tourna vers lui. Elle posa une main sur son bras, mais il ne répondit pas. Je savais que j’avais fait ce que j’avais à faire.