Il faisait une chaleur accablante ce jour-là, l’air lourd et épais comme une couverture de métal brûlant. Les rues de Novorossiïsk étaient comme figées sous la chaleur, et même les oiseaux semblaient s’être réfugiés dans l’ombre.
Slavik, 16 ans, se précipitait vers son cours particulier, ignorant les réprimandes à venir de son professeur, Viktor Alexeïevitch. Son sac frappait son dos, ses baskets glissaient sur l’asphalte chaud, et il transpirait abondamment. Mais au détour d’un vieux supermarché abandonné, un bruit faible attira son attention.
C’était un pleur. Un cri faible, brisé, que l’on aurait presque pu ignorer si l’on n’était pas attentif. Le cœur de Slavik se serra immédiatement. Il s’approcha d’une vieille voiture, au moteur éteint, la peinture écaillée.
À travers les vitres embuées, il aperçut une petite silhouette qui se battait contre la chaleur, une fillette d’environ un an. Ses lèvres gercées, son regard fatigué, elle semblait être perdue dans un autre monde.
Sans hésiter, Slavik tenta d’ouvrir la porte, mais elle était verrouillée. La panique s’empara de lui. Il se souvint de toutes ces histoires sur les enfants laissés seuls dans les voitures. Sans attendre, il ramassa un caillou, se dirigea vers la vitre et, d’un coup sec, la fit éclater. L’air chaud du véhicule s’échappa brusquement, et il entra dans l’habitacle pour libérer l’enfant de son siège.
Il la prit dans ses bras, la serrant contre lui pour la protéger du soleil brûlant, et courut en direction de la clinique la plus proche. Ses jambes fléchissaient sous le poids de la petite fille, mais il ne s’arrêta pas. Les passants le regardaient, certains criant, d’autres l’interpellant, mais il n’entendait rien. L’enfant ne bougeait toujours pas, et Slavik n’avait d’autre pensée que de l’emmener à l’hôpital.
Arrivé à la polyclinique, il cria :
AU SECOURS !
L’infirmière accourut, l’air sévère mais les yeux remplis de préoccupation. Elle prit l’enfant, et Slavik sentit enfin le poids du monde se relâcher de ses bras.