Vladimir Timofeïevitch descendit de la voiture et resta figé.
Devant lui se dressait une maison en bois, splendide, peinte en vanille, avec un porche fleuri, des volets décorés à la main, un jardin soigneusement entretenu, et surtout, une enseigne suspendue au-dessus du portail :
«Maison d’hôtes Les Trois Arc-en-ciel – Propriété de la famille Artëmov»
Des rires d’enfants retentissaient depuis la cour. Trois petits garçons couraient et jouaient, tandis qu’à la porte apparut une femme aux traits fins, parlant en anglais au téléphone avec des touristes installés sous un auvent.
Et soudain, Artëm sortit de la maison.
Il n’avait rien d’un homme brisé. C’était un homme épanoui, à l’allure digne. Son regard était calme, son visage sûr de lui. Dans une main, un enfant. Dans l’autre, un panier de légumes.
— Te voilà donc, dit-il en apercevant la voiture. Papa.
Vladimir ouvrit la bouche, mais aucun mot n’en sortit. Il était venu pour se moquer. Et on l’accueillait… avec la main tendue.
— Entre, dit Artëm. On préparait justement le dîner. Tu restes manger, non ?
Le vieil homme avança, comme dans un rêve. Tous ses jugements, tous ses préjugés venaient de s’effondrer.
— Comment… Comment as-tu fait ?
— J’ai utilisé mon diplôme, répondit Artëm. Tourisme vert. Agrotourisme rural. On a trouvé des investisseurs. On a lancé un site. Anjela a fait les croquis de la maison, moi j’ai géré les financements. Les triplés ? Ce sont nos moteurs.
Il regarda ses enfants et sourit.
— Si tu ne comptes pas repartir ce soir, on a une chambre d’amis aussi. Avec salle de bain privée.
Vladimir Timofeïevitch sentit un nœud se former dans sa gorge. Il n’y avait ni reproche, ni accusation. Juste… de l’hospitalité.
Et à ce moment-là, il comprit :
Ce n’était pas lui qui venait sauver son fils.
C’était lui qui venait être sauvé.