Depuis plusieurs semaines, mon potager était en plein chaos : des légumes disparaissaient mystérieusement, des carottes soigneusement grignotées, des feuilles de laitue éparpillées et même une tige de haricot cassée. Chaque matin, je découvrais les dégâts et posais des pièges en murmurant des jurons, persuadée qu’un renard rusé venait fouiner dans le jardin la nuit.
Je ne pouvais m’empêcher d’imaginer cette petite voleuse aux yeux brillants, tapie dans l’ombre des bois derrière la remise, en train de faire son festin. Mais ce mystère ne faisait que grandir, car rien ne semblait arrêter ces raids nocturnes.
Un soir, alors que je cherchais Runa, ma jeune chienne, qui s’était éclipsée sans prévenir, je l’ai finalement retrouvée près d’un tas de feuilles mortes, creusant frénétiquement. Intriguée, je me suis approchée et j’ai surpris quelque chose d’inattendu : elle déterrant un petit paquet soigneusement enterré.
Au lieu de chiots, comme je l’avais d’abord imaginé, le paquet contenait des objets étranges — des jouets, quelques morceaux de tissus colorés, et des cailloux lisses. Runa ne cachait pas des petits bébés, mais un véritable trésor, soigneusement amassé.
Peu à peu, la vérité est apparue : c’était Runa elle-même, et non pas un renard, qui causait ces ravages. Elle jouait à son propre jeu, déterrant et entassant ce qu’elle trouvait ici et là dans le jardin. Ses petits vols expliquaient les dégâts, et ses cachettes expliquaient les objets disparus.
J’ai ri, soulagée. Ce n’était ni un renard ni un voleur invisible, juste ma chienne pleine d’entrain et d’espièglerie. Depuis, j’ai cessé de poser des pièges, préférant la suivre discrètement dans ses aventures, heureuse de découvrir un autre visage de mon compagnon fidèle.