Ma sœur, Juliette, a disparu il y a dix ans, je n’avais jamais pensé qu’elle pourrait nous laisser quelque chose, surtout pas une lettre

Ma sœur, Juliette, a disparu il y a dix ans. Le lendemain de son mariage, elle a tout quitté. Sa robe de mariée était soigneusement pliée sur le canapé, ses chaussures déposées près du placard, mais elle, elle n’était nulle part. Aucun mot, aucun message. C’était comme si elle s’était volatilisée du jour au lendemain. Ses téléphones étaient éteints, ses amis et sa famille n’avaient aucune nouvelle d’elle. Nous l’avons cherchée pendant des années, chaque piste que nous suivions se révélant fausse, chaque espoir qu’elle soit retrouvée se dissipant dans l’inconnu.

Son mari, Thomas, était dévasté. Il n’a jamais cessé de chercher, de contacter des détectives privés, de nous faire espérer des retrouvailles possibles. Mais au fil du temps, l’espoir s’est éteint. Nous avons tous fini par accepter la réalité, ou du moins, nous avons appris à vivre avec l’incertitude. Dix longues années sont passées, sans signe d’elle, sans réponse, sans retour.

Je me suis toujours sentie responsable, d’une certaine manière. Juliette était ma petite sœur, et bien que nous n’ayons pas toujours été proches, je n’arrivais pas à comprendre pourquoi elle serait partie ainsi, sans laisser de trace. Cela me hantait, mais il semblait que tout le monde avait fait son deuil, sauf moi. C’est pourquoi, une semaine avant le moment où ma vie allait basculer, j’ai pris la décision d’explorer son passé, ses affaires laissées dans le grenier. J’avais attendu trop longtemps pour le faire, mais je ne pouvais plus me retenir.

Dans le grenier poussiéreux, à côté de cartons de vieux vêtements et d’objets délaissés, je trouvai une boîte étiquetée « affaires de fac ». C’était une boîte que Juliette n’avait jamais mentionnée, et pourtant, elle me semblait familière. En l’ouvrant, je tombai sur plusieurs livres, des photos d’époque, et au fond, une lettre. L’enveloppe portait mon nom, écrit à la main de ma sœur. Un frisson parcourut mon échine. Je n’avais jamais pensé qu’elle pourrait nous laisser quelque chose, surtout pas une lettre. C’était comme si tout ce qu’elle avait fait jusque-là était un énorme secret.

Je pris la lettre entre mes mains tremblantes. Je savais que ce moment changerait tout, mais je n’étais pas préparée à ce qui m’attendait. En dépliant le papier, je lus les premières lignes, mon cœur battant à tout rompre.

“Chère Claire,

Je sais que cela te semblera incroyable, mais je suis vivante. Je ne pouvais pas t’écrire avant, ni même te prévenir, parce que tout est devenu trop dangereux. Je suis en vie, mais j’ai dû tout quitter, tout effacer. Je suis en fuite. Tu ne me retrouveras pas, pas de sitôt, et même si je le voulais, je ne pourrais pas revenir. Je n’ai pas eu d’autre choix que de disparaitre.”

Je me figeai. Qu’est-ce que cela voulait dire ? Pourquoi cette disparition ? Pourquoi avait-elle dû fuir ? Il y avait encore plus dans cette lettre, mais je n’osais la lire davantage. Je savais que cette révélation allait bouleverser non seulement ma vision de sa disparition, mais aussi tout ce que je croyais savoir sur ma sœur.

Je me forçai à reprendre la lecture.

“Je t’écris maintenant parce que je crois que les choses peuvent se résoudre. Je vais te donner un indice, Claire, un seul. Si tu veux me retrouver, va au café du coin où nous allions régulièrement lorsque nous étions à l’université. Il y a un petit carnet caché sous la table près de la fenêtre. Ce carnet contient des informations, des preuves, tout ce que tu dois savoir pour comprendre pourquoi j’ai fait tout cela.

Je suis désolée de ne pas pouvoir te dire tout de suite. Mais c’est trop dangereux. Je vais bien, et j’espère que tu pourras comprendre pourquoi j’ai dû disparaître.

Avec tout mon amour,

Juliette.”

Mon cœur battait si fort que j’avais l’impression qu’il allait exploser. Je suis restée là, immobile, tenant la lettre contre mon cœur. La douleur, le soulagement, l’incompréhension… tout se mélangeait en moi. Juliette était en vie, mais elle était en fuite, et cela me donnait une réponse, mais en même temps, cela m’enlevait encore plus de questions. Pourquoi avait-elle dû disparaître ainsi ?

Je savais que je devais aller au café, chercher ce carnet. C’était le seul moyen de savoir ce qui s’était réellement passé, la raison de son départ brutal. Mais cela signifiait aussi qu’il me fallait affronter des vérités que je n’étais pas sûre de vouloir découvrir. Les secrets enfouis sous des couches de silence allaient enfin remonter à la surface, et je ne savais pas si j’étais prête à les affronter.

Un pas à la fois, je me levai et partis, déterminée à découvrir ce que ma sœur avait caché pendant toutes ces années.

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