Les dimanches chez la mère d’Adam étaient toujours une épreuve pour moi. Sophie Janette, sa mère, m’accueillait toujours avec un sourire glacé, un sourire qui masquait mal le mépris qu’elle avait pour moi. Chaque semaine, elle me trouvait une nouvelle raison de me faire sentir inférieure : la soupe trop salée, le gâteau trop sec, ou même mon simple regard qui, selon elle, perturbait son monde parfait. Mais ce dimanche-là, elle allait trop loin.
— Tu n’es qu’une étrangère dans cette maison, Emma. Mon fils mérite mieux que toi, une femme qui n’a même pas su lui donner un enfant !
Ces mots, pleins de cruauté, résonnaient dans ma tête. Mon cœur battait fort, mais je ne laissais rien transparaître. Adam, son fils, restait là, sans dire un mot, comme s’il était plongé dans ses pensées, préférant ignorer ce qui se passait. Une partie de moi avait l’habitude de ses silences, mais aujourd’hui, c’était différent. Ses yeux n’étaient plus là pour me rassurer, et je savais que quelque chose allait changer.
Alors que Sophie jetait une assiette de soupe sur moi, le ridicule de la situation m’éclata à la figure. Je n’étais plus la victime, et son insupportable arrogance m’avait enfin poussée à prendre une décision. Avec calme, je me levai et quittai la maison, sans rien dire. Adam me regarda partir sans bouger, comme s’il savait que tout était désormais inévitable.
Le lendemain matin, la nouvelle se répandit comme une traînée de poudre : j’avais quitté Adam. Personne ne comprenait pourquoi. Adam, bien sûr, ne disait rien. Mais moi, j’avais un secret, un secret qui changerait tout. Huit mois de silence. Et demain, je ferais entendre ma voix.
Je n’étais plus celle qui se cachait dans l’ombre.