Slavik sortait tout juste de l’atelier, ses vêtements couverts de poussière, le dos meurtri par une longue journée. Le soleil tapait fort, implacable. L’air sentait le goudron fondu, et chaque pas semblait peser une tonne. Il emprunta son raccourci habituel, espérant trouver un peu d’ombre sur le chemin du retour.
Soudain, un gémissement faible lui glaça le sang. Il s’arrêta net, les sourcils froncés. Ce son… Il venait d’un parking déserté. Il balaya les lieux du regard. Là, près d’un tronc rabougri, une berline noire, vitres teintées.
Instinctivement, il s’approcha. En collant son visage à la vitre embuée, il aperçut un petit garçon, seul, transpirant à grosses gouttes, les joues écarlates.
Slavik tenta les portières : verrouillées. Il cria à l’aide, regarda autour. Silence.
Ses yeux tombèrent sur une brique abandonnée. Il hésita. Une voix intérieure lui criait que ce n’était pas son affaire. Mais le regard vitreux de l’enfant le transperça. Il saisit la brique et fracassa la vitre. Une chaleur étouffante s’échappa de l’habitacle. Il sortit le petit corps inerte et courut vers la clinique, le cœur battant.
Le personnel médical prit immédiatement l’enfant en charge.
— Juste à temps, dit un médecin. Il a eu de la chance.
Slavik s’assit, tremblant, encore sous le choc. Quinze minutes plus tard, une femme surgit.
— Où est mon fils ?! hurla-t-elle. Et VOUS ! Vous avez détruit ma voiture ?!
Slavik leva les yeux vers elle, sans comprendre.
— Je suis allée au supermarché UNE minute ! Mon numéro était sur le pare-brise !
Il voulut parler, mais aucun mot ne sortit.
— Je vais appeler la police ! Vous paierez !
Les policiers arrivèrent rapidement. Après avoir écouté l’infirmière et vérifié les faits, l’un d’eux s’adressa à la mère :
— Madame, vous êtes en état d’arrestation pour négligence aggravée.
Le visage de la femme blêmit. Slavik, lui, resta silencieux. Il n’attendait ni merci ni pardon. Il savait seulement qu’il avait sauvé une vie.