Lors de leur divorce, Natalya avait regardé son mari, Vladimir, avec une sérénité déconcertante et lui avait dit : « Prends tout. » Pas un geste de colère, pas une larme. Elle était calme, presque détachée, comme si cet acte de renoncement faisait partie de quelque chose de plus grand qu’elle.
Vladimir, qui s’attendait à une bataille féroce, avait d’abord été perplexe, puis, après quelques instants, satisfait. Il avait obtenu tout ce qu’il voulait — la maison, les biens, l’argent. Il se sentait puissant, maître de sa vie. “Elle a enfin compris,” pensait-il. “Sans moi, elle serait perdue.”
Mais peu à peu, les mois passèrent et l’euphorie se dissipa. Vladimir se retrouva seul dans l’appartement qu’il avait voulu garder. L’odeur familière de la maison semblait maintenant lui manquer. L’armoire ne se remplissait plus de chemises impeccablement repassées. Le réfrigérateur était souvent vide, et les repas devenaient des pièges monotones de pizzas et de plats à emporter. Il n’était plus seul dans la maison, il était solitaire.
Un soir, en jetant un coup d’œil distrait à ses finances, Vladimir prit conscience de l’ampleur de son erreur. Chaque facture, chaque paiement, chaque dépense était désormais de son seul ressort. Avant, il avait une compagne pour gérer tout cela, pour s’occuper des détails. Maintenant, c’était lui, et il se sentait écrasé par cette nouvelle réalité. Sans elle, il se retrouvait perdu.
De son côté, Natalya vivait une vie nouvelle. Elle avait trouvé un emploi dans une petite maison de retraite, un travail modeste mais qui lui apportait une satisfaction nouvelle. Elle était seule, mais sa solitude était apaisée, et chaque jour semblait une nouvelle découverte. Le poids du passé s’était volatilisé, et elle se redécouvrait, libre.
Vladimir, seul dans sa victoire, commença à comprendre que parfois, ce que l’on prend n’est pas toujours ce dont on a besoin.