Lucie, veuve depuis dix ans à l’âge de 45 ans, avait cru que son cœur ne connaîtrait plus jamais l’amour. Son mari, Alexeï, avait été tout pour elle. Mais deux ans plus tôt, elle rencontra Mikhaïl — un homme doux, généreux, qui porta lentement une lumière nouvelle dans sa vie et fit renaître l’espoir.
Elle était à la fois heureuse et nerveuse le jour où elle présenta Mikhaïl à ses quatre enfants adultes : Anton (30 ans), Irina (28 ans), Liza (25 ans) et Daniil (22 ans). À sa grande surprise, tous l’acceptèrent avec chaleur lors du dîner familial. Son cœur vibra d’un long soupir de soulagement.
Puis, il y eut la demande en mariage, six mois plus tard, dans un jardin empli de fleurs. Mikhaïl s’agenouilla, un anneau délicat à la main. Émue, Lucie accepta — bien que la peur de trahir l’amour qu’elle portait à Alexeï la tiraillât.
Le jour du mariage, l’émotion emplissait l’église. Lucie, rayonnante et tremblante, prit la main de Mikhaïl. Quand le célébrant prononça :
« Si quelqu’un s’oppose… », son estomac se noua. Et, contre toute attente, TOUS ses enfants se levèrent, unis :
— Nous nous opposons, annoncèrent-ils.
Le choc fût instantané. Lucie sentit le monde se fissurer.
Anton, le premier à parler, serra les poings :
— Maman, on a découvert quelque chose d’important. Nous avons trouvé dans les affaires de papa un journal intime. Là-dedans, Alexeï écrivait qu’il voulait que tu trouves un autre homme après sa mort… mais seulement si cet homme comprenait combien il comptait encore pour toi.
Irina prit la suite, la voix tremblante :
— Il écrivait aussi sa peur : « Que le nouvel homme ne gomme pas ce que nous avons été ensemble. »
Liza, les yeux embués de larmes, ajouta :
— On s’est protégés de cette vérité. Mais en t’écoutant dire « oui », on a eu peur. Peur que tu essayes de faire comme si Alexeï n’avait jamais existé.
Daniil, le plus jeune, la voix faible :
— On t’aime tellement, maman. On voulait entendre ton vrai cœur. Est-ce que tu peux aimer Papa et Mikhaïl, en même temps ?
Lucie sentit son cœur chavirer. Mikhaïl, agenouillé près d’elle, la regarda avec douceur, comprenant la gravité du moment.
Elle se tourna vers ses enfants, la voix tremblante mais claire :
— Oui. Oui, je peux. Alexeï restera à jamais le premier amour de ma vie. Mais Mikhaïl est celui qui a su rallumer cette étincelle que je croyais perdue. Mon cœur est assez grand pour les deux.
Un silence doux s’installa. Un à un, les enfants baissèrent la tête, puis hochèrent lentement :
— Nous comprenons.
Serrant les mains de sa famille, Lucie reprit confiance. Mikhaïl se releva :
— Je vous promets de chérir non seulement votre mère aujourd’hui, mais aussi tous les souvenirs que lui et vous partagez avec Alexeï.
Un sourire, timide puis sincère, éclaira les visages. Les enfants s’approchèrent, formant un cercle autour d’eux. Le célébrant reprit la cérémonie, et cette fois, aucun n’interrompit.