Alors que Thomas passait du temps avec sa fille, celle-ci se précipita soudainement vers un inconnu et l’embrassa tendrement. Ce qui suivit bouleversa profondément Thomas…
Ce samedi matin, l’hypermarché bourdonnait d’activité. Partout, des familles avec enfants, des chariots remplis à ras bord, et une atmosphère d’effervescence.
J’étais venu accompagné de ma petite Léa, quatre ans.
Avant de partir, ma compagne, Camille, nous avait soigneusement préparé une liste de courses.
La journée avait débuté paisiblement : je savourais mon café tandis qu’elle dégustait son thé vert. Nous restions au lit, profitant du calme tant que Léa dormait, préparant mentalement notre planning.
Puis Camille était partie à son cours de pilates. À son retour, Léa était déjà réveillée et j’avais préparé son petit-déjeuner.
— Je vous rejoins juste après ma séance, m’avait-elle dit en nous embrassant tendrement. — On pourrait faire un brunch un peu tardif ?
— Avec plaisir, répondis-je en coupant une pomme pour notre fille.
Léa et moi sommes montés dans la voiture, excités par cette matinée qui s’annonçait spéciale.
Camille devait nous rejoindre au magasin après son cours — elle ne manquait jamais une séance. Mais au lieu de suivre la liste, j’ai sorti mon téléphone et commencé à immortaliser ses mimiques amusantes derrière ses lunettes de soleil.
Être père d’une petite fille m’avait rendu plus doux que jamais, chaque instant avec Léa était un trésor.
Alors que je la filmais intriguée devant le rayon des friandises, elle a soudainement fixé un chariot où un petit chien était assis, et sans prévenir, elle a lâché mon téléphone et s’est précipitée.
J’ai abandonné mon chariot pour la rattraper, mais elle était déjà dans les bras d’un homme que je ne connaissais pas, près des céréales.
L’homme l’a serrée naturellement contre lui et lui a souri, mais quand ses yeux ont rencontré les miens, son visage s’est empourpré d’inquiétude.
Je me suis approché, perplexe : peut-être que Léa l’avait pris pour quelqu’un d’autre ?
— Pardon, dis-je en reprenant mon souffle, vous devez vous tromper. Léa, viens, on a encore des courses à faire.
Mais Léa refusait de lâcher l’homme, toute rayonnante :
— Je ne me trompe pas ! C’est Paul ! Il vient à la maison quand tu n’es pas là !
Mon cœur s’est serré.
J’ai observé l’homme, visiblement mal à l’aise.
— Écoutez, vous… vous exagérez sans doute… balbutia-t-il.
À cet instant, un bruit sourd retentit : une bouteille de jus s’était renversée et brisée au sol. Je me suis retourné.
Camille se tenait là, immobile dans sa tenue de sport, les yeux passant de moi à Paul.
— Mon chéri, murmura-t-elle, laisse-moi tout t’expliquer.
Le monde semblait s’effondrer autour de moi. Sa voix, son regard, la joie de Léa dans les bras de cet homme — tout paraissait irréel.
Je me suis caché le visage dans les mains, tentant de contenir la tempête d’émotions qui me submergeait.
Camille s’est approchée et a pris mes mains dans les siennes.
— Ce n’est pas un amant, dit-elle calmement, c’est mon frère, Paul.
Je restai sans voix.
Elle raconta qu’ils avaient grandi ensemble dans une famille d’accueil, mais qu’après leur adoption, ils avaient perdu tout contact. Il y a quelques mois seulement, Paul l’avait retrouvée grâce à un réseau social.
— Il a été mon seul soutien, continua-t-elle doucement. Il m’a aidée à retirer un éclat de verre quand notre père d’accueil avait lancé une assiette contre le mur…
Elle évoquait ces moments où ils étaient tout l’un pour l’autre.
— Je savais que Camille avait été adoptée, me rappelai-je. Elle m’avait confié ça au début de notre relation. — Je respecte profondément nos parents adoptifs, mais je ne connais rien de mes origines, et si un jour nous avons des enfants, il faut que tu comprennes cela.
J’avais admiré sa sincérité.
— Quand Paul m’a contactée, il traversait une période difficile, expliqua-t-elle. Je voulais savoir s’il pouvait faire partie de nos vies. C’est pour ça que je l’ai présenté à Léa : je voulais qu’elle sache qui il était. Il a été tout pour moi dans mon enfance.
Je vis une légère nervosité chez elle, incertaine de ma réaction. Elle serra ma main avec douceur.
— Il est venu seulement quelques fois. Je voulais que Léa ait un oncle, qu’elle connaisse son histoire, la mienne et la sienne.
Ses paroles dissipèrent peu à peu ma colère. Je regardai Paul qui jouait désormais à cache-cache avec Léa.
Je m’avançai vers lui et lui tendis la main :
— Bienvenue dans la famille. On aura beaucoup à partager.
Camille sourit, soulagée.
— Alors, on va prendre ce brunch ? Il y a un café sympa pas loin, vous pourrez apprendre à mieux vous connaître là-bas.
— Oui ! cria Léa. Je veux un smoothie ! Et une glace ! Et des frites !
Camille l’embrassa tendrement dans le cou, et je compris qu’elle attendait mon accord.
Elle voulait que je sois pleinement intégré à cette nouvelle page de sa vie. Et je le souhaitais aussi.
Grâce à Paul, je découvrirais mieux celle que j’aime. Je comprendrais les raisons qui font d’elle la mère qu’elle est aujourd’hui. Et cela n’a pas de prix.
Mais, pour être honnête, je ne comprenais toujours pas pourquoi elle avait présenté Léa à Paul avant moi.
— Bien sûr, répondis-je, finissons nos courses et ensuite, on y va.
Nous réglâmes nos achats, chargeâmes les sacs dans la voiture et partîmes pour ce premier brunch en famille.
Camille prit ma main et la serra fort.
— Merci, murmura-t-elle.
Et vous, que feriez-vous à ma place ?