Je suis arrivée à l’hôtel… pour surprendre mon mari en compagnie d’une autre femme

Lorsqu’Élodie partit en déplacement professionnel, pleine d’enthousiasme à l’idée de donner un nouvel élan à sa carrière, elle ne se doutait pas que ce voyage bouleverserait sa vie. Une rencontre inattendue allait lui apporter une nouvelle dévastatrice, scellant la fin de son mariage. Que ferait-elle désormais ?

Voyager seule avait toujours eu quelque chose de grisant pour elle, surtout quand il s’agissait de travail. Il y avait un charme particulier à être une étrangère dans une ville inconnue, même pour quelques jours seulement.

Les absences liées à ses déplacements rendaient habituellement la distance avec son mari, Antoine, plus supportable. Elle savait qu’il resterait chez eux, confortablement installé devant sa télévision, grignotant sans se presser jusqu’à son retour.

— De toute façon, rien ne changera, lança Antoine avec un sourire en la voyant partir, valise en main, agitant la main pour lui dire au revoir.

Mais cette fois, la situation était différente. Lui aussi avait prévu un voyage.

Alors qu’Élodie rangeait ses affaires, elle ressentit un mélange d’excitation et d’appréhension. Ce n’était pas un simple déplacement : après des mois d’efforts, la réussite de sa présentation auprès d’investisseurs pouvait transformer son petit restaurant en une franchise prometteuse.

— Ne t’en fais pas, Élodie, la rassura son associé, Jérôme. Tu es prête. Montre-leur tout ce qu’on a construit ces six derniers mois. Et surtout, reste toi-même.

— Tu devrais venir avec moi, insista-t-elle.

Mais Jérôme refusa.

— Je ne peux pas quitter la ville en ce moment. Je pourrais devenir père d’un jour à l’autre.

Au moins, il savait où étaient ses priorités.

— Tu vas assurer, lui assura Antoine en la déposant à l’aéroport. Tu as déjà fait des présentations bien plus difficiles.

— Oui, mais là, c’est différent, admit-elle. On demande un budget colossal.

— Et ils ne t’auraient pas invitée ici si ce n’était pas prometteur, répondit-il confiant. Reste calme, sois naturelle, et ils seront conquis.

Elle savait qu’il avait raison. L’hôtel cinq étoiles où elle séjournait en témoignait.

— De toute façon, ce n’est qu’un court séjour. On sera vite de retour, ajouta Antoine.

— Tu es nerveux à l’idée de ton propre voyage ? demanda Élodie, cherchant un chewing-gum dans son sac.

— Pas du tout. Au contraire, j’ai hâte. J’ai besoin de souffler. Ce serait bien qu’on s’organise de vraies vacances bientôt.

— Quand on sera rentrés, promit-elle.

Il déposa un baiser sur son front et s’éloigna.

Une fois à bord de l’avion, une vague d’émotions la submergea : excitation, espoir… mais aussi un léger malaise qu’elle ne parvenait pas à expliquer.

— Ce n’est pas un déplacement comme les autres, se dit-elle. Cette fois, je dois faire mes preuves.

Un retard de vol lui laissa juste assez de temps pour louer une voiture et se rendre à son rendez-vous.

— Je ferai le check-in plus tard, murmura-t-elle en quittant l’aéroport.

La présentation fut un succès.

— Merci pour cette excellente présentation, Élodie, lui dit Marc, l’investisseur principal, en lui serrant la main. Vous et Jérôme avez fait un travail remarquable.

— Je suis ravie que cela vous ait plu.

— Nous sommes très intéressés par ce projet. Attendez-vous à une réponse officielle sous peu, mon assistante organisera une réunion de suivi.

Un immense soulagement l’envahit. La partie la plus difficile était derrière elle. Maintenant, il ne restait plus qu’à attendre.

— Profitez bien de votre séjour, conclut Marc avant de disparaître dans la salle.

L’hôtel était somptueux, parfait pour se reposer en attendant la décision finale. Son plan était simple : s’installer, se détendre, et informer Antoine et Jérôme du succès.

Alors qu’elle attendait à la réception, ses yeux croisèrent ceux d’une femme qu’elle avait reconnue : celle qui avait voyagé à ses côtés dans l’avion.

— Bonjour ! s’exclama la jeune femme avec enthousiasme. Toi aussi tu es ici ?

Élodie lui rendit son sourire, heureuse de voir un visage familier.

— Tu restes longtemps ? demanda-t-elle.

— Juste quelques jours. Je suis venue pour souffler un peu. Avec mon compagnon. Mais c’est compliqué.

— Comment ça ? demanda Élodie, curieuse.

— Il est marié, avoua la femme. C’est un secret entre nous. Je fais de mon mieux pour ne pas y penser. Sa femme voyage souvent aussi, et il croit qu’elle a une liaison au boulot.

Élodie sourit, un peu gênée.

— C’est vraiment compliqué, dit-elle.

Elle chassa ces pensées. Ce n’était pas son affaire.

La jeune femme fut appelée à la réception.

— Bonjour, je m’appelle Sophie, annonça-t-elle gaiement. La réservation est au nom de Monsieur Harrison. Il doit arriver ce soir.

Le cœur d’Élodie se serra.

Tom Harrison ? Son mari ?

Cela ne pouvait être une simple coïncidence.

— Très bien, madame, répondit la réceptionniste. Pourriez-vous me laisser un numéro ou un email de contact ? C’est pour des raisons de sécurité.

Sophie rit doucement puis donna le numéro de téléphone de Tom sans hésiter.

Élodie sentit le choc l’envahir. Ce n’était pas un hasard : cette femme était là avec son mari. Une boule d’émotions — colère, trahison, surprise — l’envahit.

— Profite bien de ton séjour, lança Sophie en prenant la clé. Je suis sûre qu’on se recroisera.

Sous le choc, Élodie termina son enregistrement. Elle ne se souvenait même pas si elle avait mentionné son hôtel à Tom. L’avait-elle fait ? L’avait-il demandé ?

Dans sa chambre, l’euphorie du succès s’était estompée. Son esprit tourbillonnait de doutes et de certitudes douloureuses.

Elle voulait riposter.

Lorsque l’heure de l’arrivée de Tom approcha, Élodie descendit à la réception.

Elle apprit par hasard le numéro de chambre attribué au couple. Rapidement, elle griffonna une note simple : une invitation pour un massage gratuit au spa de l’hôtel.

Elle attendit.

Quand Sophie partit, le personnel de réception avait changé. Une nouvelle réceptionniste lui demanda ce qu’elle désirait.

Avec un sourire, Élodie répéta mot pour mot la demande de Sophie, expliquant qu’elle devait rejoindre son mari, déjà enregistré. Quand on lui demanda son contact, elle donna celui de Tom sans hésiter.

Elle obtint la clé.

Dans la chambre, elle s’allongea sur le lit, retira ses chaussures et alluma la télévision.

— Chérie, je suis rentré ! annonça Tom en entrant.

— Surprise ! lança-t-elle, le sourire froid aux lèvres. — Je ne pensais pas te croiser ici.

La pâleur gagna son visage. Ses yeux s’agrandirent d’effroi. La sueur perla sur son front.

— Élodie… balbutia-t-il.

— Je ne suis pas la personne que tu attendais ? demanda-t-elle, les bras croisés.

— Depuis combien de temps ? exigea-t-elle.

— Sept mois, avoua-t-il.

Élodie éclata presque de rire devant son audace.

— Je mérite quelqu’un qui me respecte, Tom. Et ce n’est clairement pas toi.

Il resta muet. Pas un mot, pas d’excuse, aucun regret.

Elle tourna les talons, quittant les ruines de leur mariage. Des jours meilleurs l’attendaient. Mais ce fut son indifférence qui lui fit le plus mal.

De retour dans sa chambre, elle appela Jérôme pour faire le point.

— Maintenant, il ne reste plus qu’à attendre, dit-il.

— Oui, répondit-elle, sentant quelque chose changer en elle pour toujours.

Elle prit une douche, commanda un plateau-repas et attendit le mail de Marc.

Dorénavant, il ne lui restait plus qu’à avancer. Ou pas.