Wojtek entra dans la maison, son visage marqué par l’angoisse. Ses mains tremblaient légèrement alors qu’il prononçait les mots qui allaient bouleverser sa famille : « Papa… j’ai quelque chose à te dire. Kasia, ma voisine… elle est enceinte. Elle dit que c’est moi le père. »
Arkadiusz, assis à la table de la cuisine, s’arrêta un instant. Son regard se fixa sur son fils, puis se détourna vers la fenêtre, comme s’il cherchait une réponse dans l’extérieur. Puis, d’une voix calme mais tranchante, il répondit : « Eh bien, épouse-la. »
Wojtek était déstabilisé par cette réponse. « Mais papa… je… je suis encore jeune. Ce n’est pas le moment de me marier, et nous ne sortons même pas assez pour penser à ça… » répondit-il, se noyant dans l’incertitude.
Arkadiusz se leva brusquement, et d’un rire sec, il lança : « Sérieusement ? Courtiser une fille c’est bien, mais quand il faut prendre des responsabilités, soudainement, tu es trop jeune pour assumer ? Tu penses que c’est facile de fuir les responsabilités, mais la vie, Wojtek, ce n’est pas un jeu. »
Il se dirigea vers le salon, appelant sa femme : « Ewa, viens ici ! »
Ewa entra dans la cuisine, son visage calme mais une lueur de froideur dans ses yeux. Elle essuya ses mains sur son tablier et s’approcha de son mari. « Que se passe-t-il ? » demanda-t-elle, l’air préoccupé mais distant.
« Notre fils, » dit Arkadiusz d’un ton froid, « il a mis Kasia enceinte, et maintenant il refuse de la marier. Il a mis cette fille enceinte, et il veut fuir ses responsabilités. »
Ewa le regarda d’un air impassible. « Et alors ? » dit-elle avec une tranquillité glaciale. « Pourquoi devrait-on obliger Kasia à venir ici ? De nos jours, ces filles savent très bien ce qu’elles font. Elles trouvent un garçon, tombent enceintes, et pensent que tout le monde va les soutenir. Si ce n’est même pas son enfant, il faut qu’il fasse un test. C’est à lui de vérifier tout ça. Et Wojtek est jeune, il peut se débrouiller. Il est un homme, il faut qu’il en prenne la responsabilité. Mais nous, on ne va pas subvenir aux besoins des enfants des autres. »
Arkadiusz soupira, visiblement épuisé. « Et si c’était son enfant ? » demanda-t-il doucement.
Ewa se tourna vers lui, les bras croisés, le regard ferme. « Et si c’était le sien ? Alors, il devra faire face à ses choix. S’il doit assumer, il assumera. Mais moi, je ne vais pas bousculer mes principes pour ça. Ce n’est pas notre problème. »
La conversation s’éteignit alors que la tension entre les parents grandissait. Wojtek se tenait là, silencieux, écoutant chaque mot comme une sentence qu’il ne pouvait pas combattre. Il savait qu’il n’avait pas le droit de défier ses parents, mais au fond de lui, il sentait que quelque chose clochait.
Quelques mois plus tard, le test ADN arriva, confirmant que Wojtek était bien le père de l’enfant de Kasia. Le taux de probabilité était de 99,9 %.
Ewa, après avoir vu les résultats, ne laissa rien paraître. « Eh bien, c’est confirmé, » dit-elle d’un ton neutre. « Oui, il est le père, mais ça ne veut pas dire que Kasia va entrer dans cette maison. Je ne veux pas entendre parler de ça. »
Wojtek, assis à la table, les poings serrés, évitait de croiser le regard de son père. Son silence en disait long. Il avait pris le parti de sa mère, et il ne s’en sentait pas coupable. Il voulait juste s’échapper de cette pression.
Arkadiusz, voyant son fils perdu dans ses pensées, se leva lentement. Il se tourna vers lui, et d’une voix basse mais autoritaire, il prononça les mots qui allaient tout changer : « Puisque tu as pris ta décision, écoute la mienne. »
Le silence s’installa. Ewa, qui observait la scène, attendait la suite sans un mot. Arkadiusz posa sa main sur la table, et en la regardant dans les yeux, il continua : « Tant que je vivrai, mon petit-fils n’aura besoin de rien. Je vais acheter un terrain, construire une maison, et cet enfant, qu’il soit de Kasia ou de quelqu’un d’autre, recevra tout ce pour quoi j’ai travaillé toute ma vie. C’est ma responsabilité maintenant. »
Les mots d’Arkadiusz résonnèrent dans la pièce, remplis de décision et d’amour. Wojtek, les yeux écarquillés, se leva soudainement, la tension entre lui et son père palpable.
« Papa… » commença-t-il, sa voix brisée. « Je ne sais pas quoi faire. Je suis perdu. Je… je ne voulais pas que ça arrive comme ça. Je suis encore jeune. » Ses mots s’éteignirent dans l’air, alors qu’il se tenait là, pris entre les attentes de ses parents et la réalité qui l’engloutissait.
Arkadiusz s’approcha de lui, posa une main sur son épaule. « La vie ne nous attend pas, Wojtek. Il faut que tu grandisses, que tu prennes tes responsabilités. Mais sois certain d’une chose : quoi qu’il arrive, ton fils aura une place ici. Je serai là pour lui, pour toi. »
Wojtek baissa les yeux, les larmes menaçant de perler. Il ne savait plus quoi penser. Mais il se sentait soulagé par les mots de son père. Ce n’était pas la solution parfaite, mais c’était une direction.
La maison semblait plus calme, comme si l’atmosphère s’était allégée. Pourtant, une nouvelle ère s’ouvrait pour Wojtek, une ère où il devrait assumer les conséquences de ses actions et des choix qui s’offraient à lui. Les murs du chalet, petites et confinées, portaient désormais le poids d’un avenir incertain, mais aussi celui d’un père prêt à tout pour son fils.