Depuis quelques semaines, un malaise s’était installé dans mon esprit. Pierre, mon mari, n’était plus le même. Ce n’était pas un changement radical, mais plutôt une accumulation de petites choses qui me troublaient. Il avait toujours été un homme calme et prévisible, mais dernièrement, il semblait constamment nerveux. Il passait de plus en plus de temps au travail, à tel point que j’avais l’impression que notre relation était devenue une simple formalité. Il évitait mes questions, se perdait dans des silences interminables, et, quand il répondait au téléphone, il murmurait toujours d’un ton bas, comme s’il cherchait à me cacher ses conversations.
Je ne pouvais plus ignorer ce sentiment que quelque chose clochait. Pierre, qui me considérait autrefois comme sa priorité, semblait désormais échapper à tout contact physique. Il ne m’embrassait plus tendrement, et je le surprenais à plusieurs reprises à regarder ailleurs, comme s’il évitait de me croiser les yeux. Un soir, alors que je rangeais la chambre, je trouvai un message sur son téléphone. C’était un message d’une femme, et il l’effaçait immédiatement dès qu’il pensait que je n’étais pas dans les parages. Je n’avais plus de doute : il y avait bien une autre femme.
Au lieu de lui en parler directement, je décidai de garder mes soupçons pour moi, du moins pour l’instant. La douleur de l’incertitude m’envahissait, mais je voulais des preuves avant d’affronter la vérité. Je n’étais pas prête à être blessée sans avoir de certitude. Après quelques jours de réflexion, je pris une décision difficile : installer une caméra discrète dans son bureau, un endroit où il passait des heures chaque jour. C’était une idée que je n’osais pas envisager, mais la tentation était trop forte. Peut-être que tout serait plus clair avec une simple preuve. Au fond de moi, je souhaitais me tromper, que ce ne soit qu’un mauvais pressentiment, mais je me sentais paralysée par l’idée de ne jamais savoir la vérité.
Les jours passèrent dans un silence lourd, où chaque mouvement de Pierre me paraissait suspect. Le soir, après l’avoir laissé partir au travail, je m’enfermais dans notre chambre, écoutant le bruit du vent contre les fenêtres, et scrutant les enregistrements de la caméra, impatiente de découvrir ce qui se passait réellement.
Ce que j’ai découvert m’a glacée jusqu’au fond de l’âme.
Pierre n’avait pas une maîtresse, comme je le croyais. Non. Ce qu’il faisait, c’était bien plus étrange, bien plus perturbant. Les enregistrements montraient un homme différent de celui que je connaissais, plongé dans un monde dont je n’avais aucune idée. Pierre ne semblait pas avoir une aventure, mais des rituels inquiétants. Il s’asseyait à son bureau, les yeux fixés sur son écran, où défilaient des images et des textes obscurs que je ne pouvais même pas comprendre. Des symboles, des incantations, des vidéos de cérémonies que je n’avais jamais vues, ni entendues. Il semblait être en transe, murmurant des mots qui n’avaient aucun sens pour moi. Chaque geste, chaque mouvement paraissait calculé, ritualisé. Il suivait un plan, mais lequel ?
Je me sentais complètement désorientée. Était-ce de la magie noire ? Des croyances ésotériques qui l’avaient captivé ? Comment n’avais-je pas vu cela avant ? Le Pierre que je connaissais n’avait jamais montré de signes d’intérêt pour ce genre de choses. Il n’était pas superstitieux, encore moins obsédé par des pratiques occultes. Et pourtant, il semblait se consacrer entièrement à ces rituels. Il passait des heures à lire des livres anciens, souvent d’apparence poussiéreuse, les mains tremblantes, les yeux avides d’une connaissance qu’il semblait chérir.
Je n’avais aucune idée de ce qui l’avait poussé à s’engager dans ce monde mystérieux, mais je me sentais en danger. Pas seulement parce qu’il me cachait cela, mais parce que je ne comprenais pas ce qui se passait réellement. J’aurais préféré qu’il me trompe avec une autre femme, que je puisse lui en vouloir pour cela. Mais là, il y avait une dimension bien plus complexe, bien plus inquiétante, qui me faisait me demander : qui était vraiment mon mari ?
Je savais que je devais agir, mais comment ? Je n’avais aucune idée de la façon dont j’allais lui en parler. J’étais partagée entre l’envie de tout lui confronter et la peur qu’il ne me prenne pas au sérieux, qu’il me qualifie de paranoïaque. J’avais besoin de réponses, mais surtout de savoir où cette histoire allait me mener. Je me retrouvais à une croisée des chemins. Rester et l’affronter ou partir, cherchant des réponses ailleurs ? Mais la vérité, aussi douloureuse soit-elle, m’appartenait désormais, et je devais y faire face.