Mme Carter avait hésité avant de revenir à l’école. La maladie, les traitements, l’épuisement… tout cela l’avait éloignée de ses élèves pendant de longs mois. Mais aujourd’hui, elle avait décidé de passer, de récupérer quelques papiers, de signer des formulaires. Rien de trop grave, juste une formalité.
Elle avait raccroché le téléphone avec un léger sentiment d’appréhension. Revenir ici, dans les couloirs qu’elle avait traversés chaque jour pendant tant d’années, semblait difficile. Elle s’était toujours sentie vivante lorsqu’elle enseignait, mais la maladie l’avait changée. Elle ne se sentait plus la même. Pourtant, quelque chose, un pressentiment, l’avait poussée à faire ce petit pas.
En arrivant à l’école, elle traversa le hall, hésitante, avant de tourner dans son ancien couloir. Puis, soudainement, elle s’arrêta net. Devant elle se tenait un groupe de personnes. Des visages familiers. Des anciens élèves, mais aussi de nouveaux, certains avec des enfants à leurs côtés. Ils étaient tous là, réunis, les yeux brillants, tenant des pancartes et des fleurs. Leurs visages étaient remplis d’émotion.
« Bienvenue à la maison, Mme Carter », disait une immense banderole accrochée au mur. Elle eut à peine le temps de lire, que déjà quelqu’un tendait une tasse de thé à la lavande, la boisson qu’elle adorait. Un autre, ancien élève de théâtre, se mit à chanter, une chanson qu’ils avaient interprétée ensemble des années auparavant. Puis d’autres le rejoignirent. La salle résonnait des voix de ses anciens élèves.
Sous le poids de l’émotion, Mme Carter s’effondra, non pas de fatigue, mais de surprise. Elle n’avait jamais imaginé qu’ils se souviendraient d’elle comme ça. Ses élèves n’avaient pas seulement appris des matières scolaires grâce à elle. Ils avaient appris la véritable valeur de la présence, du soutien mutuel, et c’est cela qu’ils lui offraient aujourd’hui. Une leçon de vie qu’elle n’oublierait jamais.