La vieille dame, Marguerite, vivait dans un petit appartement miteux au rez-de-chaussée, où les rideaux étaient toujours fermés et les plantes mouraient lentement sur le rebord de la fenêtre. Chaque matin, à l’aube, elle sortait dans la cour, un grand sac délavé sous le bras, pour fouiller dans les poubelles. Les voisins la regardaient souvent par leurs fenêtres, murmurant des rumeurs à son sujet : “Elle cherche des restes de nourriture, sûrement.” “Elle est folle, c’est sûr.” Mais la vérité était bien plus étrange que ce qu’ils imaginaient.
Les journées se succédaient, et Marguerite continuait de chercher dans les poubelles, sans jamais trouver ce qu’elle cherchait. Pourtant, une petite fille, Sophie, qui vivait dans le même immeuble, était intriguée par ce comportement. Chaque jour, elle la voyait depuis sa fenêtre, la vieille femme se courbant pour fouiller, toujours plus profondément dans les sacs de déchets. Un jour, n’y tenant plus, Sophie décida d’aller voir par elle-même.
“Grand-mère, as-tu perdu quelque chose ?” demanda-t-elle timidement.
Marguerite sembla à peine l’entendre. Elle continua de fouiller, ses mains tremblantes écartant les détritus, jusqu’à ce qu’elles s’arrêtent soudainement sur un objet. La vieille femme leva lentement la tête vers Sophie, ses yeux aussi perçants que ceux d’un hibou. “Je cherche mon passé,” dit-elle enfin, sa voix basse et brisée. “Chaque morceau que je trouve… c’est un fragment de moi-même.”
Sophie, qui n’avait jamais entendu ces mots, sentit un frisson glacé la parcourir. Elle s’approcha un peu plus près, mais quelque chose dans le regard de Marguerite la figea sur place.
“Je suis venue ici il y a des années, dans l’espoir de retrouver quelque chose que j’avais perdu,” murmura Marguerite, la voix tremblante. “Mais j’ai perdu la clé pour tout remettre en place.”
La petite fille se sentit envahie par un mélange de peur et de curiosité. Elle n’avait pas compris, mais elle savait qu’elle venait de découvrir un secret bien plus sombre qu’elle n’aurait pu imaginer.