Ma mère a donné mon argent de mariage à ma cousine parce qu’elle est « plus jolie et plus susceptible de trouver quelqu’un »

Lorsque mon père est décédé, j’avais à peine 16 ans. C’était un moment que je n’oublierai jamais. Avant de partir, il avait pris soin de tout préparer, laissant un fonds pour mon mariage. Bien que le compte soit officiellement au nom de ma mère, c’était son cadeau à moi, son grand geste pour m’assurer un avenir sans tracas financiers. Depuis, ce fonds avait toujours été un sujet sensible, mais un sujet dont je n’avais pas souvent parlé.

Récemment, mon copain, Antoine, m’a fait sa demande en mariage. C’était un moment émouvant, un rêve devenu réalité. Pourtant, quelque chose chez ma mère m’a laissé perplexe. Au lieu de se réjouir comme je l’aurais imaginé, elle est restée calme, presque distante. J’avais cru qu’elle était simplement surprise, un peu accablée par les émotions, mais quelque chose dans son regard ne me disait rien qui vaille.

La véritable révélation est survenue lors d’une soirée familiale chez ma tante, une soirée où ma cousine Élise et toute sa famille étaient présentes. C’était un dîner comme un autre, mais tout a basculé à un moment donné.

Alors que nous partagions un repas, ma mère a soudainement frappé son verre avec une cuillère, attirant immédiatement l’attention de tous. Le bruit perça l’air de manière presque théâtrale, et tous les yeux se sont tournés vers elle. Avec un sourire énigmatique, elle a annoncé d’une voix claire :

« J’ai une petite annonce. »

Je n’aurais jamais imaginé ce qui allait suivre. La pièce, pleine de conversations joyeuses, est instantanément devenue silencieuse. Mes yeux se sont fixés sur ma mère, essayant de comprendre où elle voulait en venir.

Elle a pris une grande inspiration, a jeté un coup d’œil à tout le monde, puis a souri de plus belle avant de dire : « J’ai décidé de donner le fonds de mariage que mon mari a laissé pour notre fille à notre belle Élise. Ce serait dommage de le laisser inutilisé. »

Mes oreilles bourdonnaient. J’ai eu du mal à digérer ses paroles. Tout autour de moi, les murmures ont cessé. Le silence est tombé comme une chape de plomb. J’ai senti mon cœur s’emballer. Il y avait eu des rires, des sourires, de la joie avant qu’elle n’ait pris la parole. Mais maintenant, il n’y avait plus que la stupeur.

Je suis restée là, immobile, le regard fixé sur ma mère, espérant que cela n’était qu’une blague de mauvais goût. J’ai dit, ma voix tremblante : « Maman, je suis fiancée maintenant. Ce fonds est destiné à mon mariage. »

Elle m’a regardée, un sourire froid aux lèvres, avant de répondre sans aucune émotion : « Oh, ma chérie… soyons honnêtes. Tu n’es pas tout à fait… faite pour être mariée. Tu rêves. Élise a plus de chances de rencontrer quelqu’un. »

J’ai été frappée par ses mots. C’était comme un coup de poignard, un rejet brutal et sans égard pour mes sentiments. Je n’arrivais pas à y croire. Ma propre mère, la personne qui aurait dû être la première à me soutenir, venait de me faire honte devant toute la famille.

Je n’ai pas su quoi répondre. Ma gorge était nouée, et mes mains tremblaient. J’ai regardé autour de moi, espérant que quelqu’un, n’importe qui, dirait quelque chose, me défendrait, me montrerait qu’ils comprenaient ce qui se passait.

Mais personne n’a dit un mot. Les membres de ma famille, ceux qui me connaissaient depuis toujours, se sont contentés de me regarder en silence, incapables de réagir. La chaleur que j’avais espérée, l’amour que j’avais tant besoin de recevoir, m’était refusé. C’était comme si tout le monde, y compris moi, attendait que quelque chose se passe, que quelqu’un intervienne. Mais rien. Le froid m’enveloppait.

Et puis, comme si ce n’était pas déjà assez humiliant, Élise s’est levée. Elle a traversé la pièce, l’air confiant, et s’est dirigée vers moi, son sourire trop parfait, presque incrédule. Elle s’est arrêtée juste devant moi, baissant les yeux pour me regarder.

« Sophie, » commença-t-elle doucement, d’une voix pleine de compassion, « je ne savais pas que ça allait être ainsi. Mais je ne veux pas prendre ce qui te revient de droit. Ce fonds est à toi. Il n’a jamais été à moi. »

Je l’ai regardée, confus et blessée. Son ton, si calme et mesuré, ne faisait qu’ajouter à la douleur. Elle n’avait pas l’air de se rendre compte de ce qu’elle était en train de faire. Elle prenait tout sans y penser, parce que, pour elle, cela ne semblait même pas être un vol.

« Merci pour ton geste, Élise, mais je n’en veux pas. Je… » J’ai essayé de parler, mais la voix me manquait, et les mots restaient coincés dans ma gorge.

Elle m’a souri d’un air compatissant et m’a dit : « C’est tellement gentil de ta part, Sophie, vraiment. Mais tu sais, parfois il faut savoir accepter ce que l’on nous offre. Je sais que ça doit être difficile pour toi, mais peut-être que c’est juste mieux ainsi, non ? »

J’ai voulu hurler, lui dire que c’était de la manipulation, qu’elle n’avait pas le droit de me faire ça, de prendre ce que j’avais gagné. Mais j’étais paralysée par l’injustice et la colère qui bouillonnaient en moi.

Quand la soirée a pris fin, j’ai quitté la table en silence. Mon cœur était brisé, mes mains pleines de tremblements. Je n’avais pas eu la force de confronter ma mère une nouvelle fois ce soir-là. Je savais, au fond de moi, qu’elle m’avait trahie d’une manière que je ne pourrais jamais effacer.

Ce soir-là, dans ma chambre, seule, je me suis sentie plus perdue que jamais. J’avais eu tout pour réussir, mais un simple geste de ma mère m’avait fait sentir petite, insignifiante. Je n’étais plus sûre de rien. Était-ce ma place ici, dans cette famille ? Est-ce que l’amour de ma mère pouvait être aussi froid et calculé ?

Le silence de cette nuit-là résonnait comme un verdict.