Anna n’avait jamais imaginé que sa vie pourrait se briser ainsi. Pourtant, ce matin-là, en regardant la valise d’Igor près de la porte, une sensation de froid s’installa dans sa poitrine. Tout semblait irréel. Comment en était-elle arrivée là? Ils avaient traversé tant de choses ensemble. Vingt ans de mariage, des moments de bonheur intense, mais aussi des difficultés. Leur maison, leur fille, les compromis, les rêves. C’était un tout, une vie qu’ils avaient bâtie ensemble. Mais maintenant, il semblait que tout cela n’avait plus d’importance pour Igor.
“Tu me laisses partir si facilement ?” demanda Igor d’une voix presque dénuée d’émotion.
Anna le regarda, cherchant un mot, mais aucun ne vint. Elle avait toujours cru qu’ils étaient plus forts que ça. Quand il avait commencé à changer, elle n’avait pas voulu y croire. Des absences, des silences, des nuits passées à se retourner dans son lit sans lui. Mais elle n’avait pas osé questionner, pensant que c’était juste une mauvaise passe, que la vie, parfois, faisait des vagues.
Igor, pourtant, semblait être un homme devenu étranger. Les petits gestes d’attention avaient disparu. Les conversations étaient devenues rares, presque inexistantes. Elle avait ressenti la distance s’installer peu à peu entre eux, mais elle avait espéré que cela finirait par passer. Au lieu de ça, il y avait maintenant cette valise, témoin silencieux de ce qu’elle avait refusé de voir.
“Je n’ai jamais voulu que ça se termine comme ça,” murmura Anna, sa voix tremblante.
Igor la regarda, ses yeux fuyant les siens. “Je sais. Mais parfois, même les plus belles histoires ne tiennent plus,” répondit-il, avant de se diriger vers la porte.
Anna resta là, figée, incapable de bouger. Les années s’étaient effacées d’un seul coup, emportant avec elles les souvenirs et les promesses. La rivière qu’ils avaient été, parallèle mais inséparable, s’était transformée en deux rives éloignées.