Kristina se tenait dans les toilettes minuscules du bureau, ses mains crispées autour du lavabo comme si c’était la seule chose qui la maintenait encore debout. Son cœur battait la chamade, et sa respiration saccadée était à peine audible dans l’air froid de la pièce. Les larmes, trop nombreuses pour être contenues, avaient laissé des traces noires de mascara sur ses joues, mais il n’y avait plus de larmes, juste le vide.
La scène dans la salle de conférence tournait en boucle dans sa tête. Ses yeux étaient encore pleins de la douleur de l’humiliation publique. Viktor Andreevich, son beau-père, l’avait affrontée devant tous les employés, et elle ne pouvait rien faire d’autre que d’encaisser. Il l’avait humiliée de manière cruelle et sans vergogne : “Kristina, vous êtes virée ! Vous n’êtes bonne qu’à nettoyer les toilettes, pas à gérer les finances !” Son ton de voix glacial avait déchiré l’air. “Avez-vous acheté votre diplôme ? Ou vous avez réussi grâce à d’autres… services ?”
Les rires fusaient autour d’elle, les chuchotements remplissaient la pièce, et tout cela la submergeait. Mais le pire, c’était l’indifférence de ceux qui l’entouraient. Personne n’avait pris sa défense. Tous les regards s’étaient détournés, à l’exception d’un : celui de Mikhail, son mari. L’homme avec qui elle avait partagé une vie, des souvenirs, des rêves. Mais ce jour-là, il la regardait comme jamais auparavant. Ses yeux n’étaient plus ceux d’un mari aimant, mais ceux d’un homme profondément désabusé.
Il n’avait pas réagi. Pas un mot, pas un geste. Il l’avait regardée, les yeux remplis d’un mépris silencieux, comme si tout était enfin clair pour lui. Kristina ressentit soudain le poids d’une vérité qu’elle n’avait jamais osé affronter : elle n’était qu’une pièce de plus dans le jeu de pouvoir de son mari et de son père. Le monde autour d’elle s’effondrait, et à cet instant, elle savait qu’il n’y avait plus de retour en arrière.