Le vent se leva à nouveau sur Birmingham, faisant danser les papiers oubliés sur le trottoir. Devant le centre médical pour enfants, le garçon au bonnet rouge était revenu, toujours aussi discret, son carnet sur les genoux. Il écrivait. Ou peut-être qu’il dessinait. Personne ne le savait vraiment.
Deux jours s’étaient écoulés depuis qu’il avait parlé au millionnaire.
L’homme n’était pas revenu. Pas encore.
Mais aujourd’hui, alors que le soleil perçait timidement entre les nuages, le SUV gris s’arrêta à nouveau. Même modèle. Même tension dans l’air. La petite fille était toujours là, blottie sous sa couverture rose, mais cette fois, ses yeux semblaient chercher quelque chose – ou quelqu’un.
Quand la portière s’ouvrit, l’homme aperçut le garçon, qui l’attendait debout, carnet fermé à la main.
« Tu es revenu », dit le millionnaire, sa voix plus cassée qu’avant.
« Je vous avais dit que je pouvais l’aider. Mais vous n’avez pas demandé comment », répondit simplement le garçon.
L’homme hésita. Le médecin-chef du centre lui avait dit hier encore : rien à faire, les nerfs sont détruits. Alors pourquoi ses pas le portaient-ils vers ce gamin inconnu ?
Le garçon fit signe de s’asseoir sur un banc. Il posa le carnet entre eux.
« Ce n’est pas moi qui fais marcher. C’est elle. C’est ce qu’on lui fait croire qui change tout. Les mots. Les images. Ce qu’on inscrit dans sa tête… »
Il ouvrit lentement le carnet. Dessins. Histoires. Une petite fille, en bottes magiques, marchant sur la lune. Courant après un papillon doré.
« Chaque jour, une histoire. Une image. Un rêve qui remplace la peur. Si elle croit qu’elle peut, son corps essaiera. »
Le millionnaire fixait les pages, silencieux. Puis il appela doucement sa fille.
Elle s’approcha, tirée dans un fauteuil. Le garçon lui tendit le carnet.
« Tu veux marcher avec moi dans les rêves ? » demanda-t-il.
Elle acquiesça, les yeux brillants.
Et c’est là que tout commença.