Depuis quelques semaines, Kyle rentrait de plus en plus tard. Il avait toujours été curieux, parfois un peu trop, mais récemment, son comportement avait changé. Il parlait peu, ses vêtements sentaient le cuir neuf et des parfums sophistiqués, et il évitait mes questions.
Un jeudi, en rangeant le linge dans sa chambre, j’ai trébuché sur une boîte en métal sous son lit. À l’intérieur : une montre connectée dernier cri, des écouteurs haut de gamme, et plus de 800 euros en billets. Mon cœur s’est emballé.
Le lendemain, j’ai attendu dans ma vieille voiture, garée en face de son collège. Lorsque la cloche a sonné, je l’ai vu sortir avec un sac à dos plus gros que d’habitude. Puis, sans prévenir, trois SUV noirs sont arrivés. Mon fils a parlé à un homme en costume, a hoché la tête… et est monté dans le véhicule central.
Je les ai suivis discrètement, les mains moites sur le volant. Après une dizaine de minutes, ils sont arrivés dans une propriété fermée, protégée par une grille en fer forgé. J’ai hésité… puis j’ai décidé d’entrer.
Au portail, une voix sortit de l’interphone : « Oui ? »
« Je suis la mère de Kyle. Je veux savoir ce qu’il fait ici. »
Un silence. Puis le portail s’est ouvert.
À l’intérieur, un homme en costume m’a conduite dans un salon lumineux. Et là, j’ai vu Kyle, assis devant un piano à queue, entouré de micros et d’enceintes. Un homme avec une oreillette me salua.
« Madame, votre fils est un prodige. Il a été repéré par un producteur de musique lors d’un concours en ligne. Ce manoir est un studio privé. Il compose pour une jeune star montante. Tout est légal. Nous vous avons envoyé un e-mail, mais peut-être dans vos spams ? »
Je suis restée sans voix. Kyle me regardait, inquiet.
Je me suis approchée, je l’ai pris dans mes bras.
« La prochaine fois, tu m’en parles, d’accord ? Même les prodiges ont besoin de leur maman. »