Un soir, il est rentré plus tard que d’habitude, et j’ai entendu sa voix dans l’entrée, basse, caressante

Pendant les cinq premières années de notre mariage, Derek était l’homme dont j’avais rêvé : tendre, drôle, engagé. Il me regardait comme si j’étais la seule femme au monde, et je croyais, naïvement peut-être, que nous avions bâti quelque chose d’indestructible.

Mais les choses ont changé.

Subtilement d’abord : un ton plus sec, des absences qu’il ne justifiait plus, des regards qui fuyaient les miens. Puis plus franchement : des réunions tardives, des vêtements froissés, une odeur de parfum qui n’était pas le mien.

Un soir, il est rentré plus tard que d’habitude, et j’ai entendu sa voix dans l’entrée, basse, caressante :
— Bonne nuit, ma chère… Je te verrai demain.

Il croyait que je dormais.

Ce soir-là, j’ai décidé de le suivre.

Le lendemain, il m’a embrassée sur le front et a quitté la maison avec sa mallette de toujours. Je suis montée dans ma voiture, à bonne distance, le cœur battant. Il a conduit jusqu’à une petite rue résidentielle dans un quartier que je ne connaissais pas.

Il a sonné à une porte jaune pâle. Une femme lui a ouvert, souriante. Elle l’a embrassé. Un enfant, pas plus de six ans, a couru vers lui en criant :
— Papa !

Je suis restée pétrifiée.

Ce n’était pas une simple aventure. Derek avait une autre famille. Une autre vie. Une autre version de lui-même.

Je n’ai pas confronté Derek tout de suite. J’ai regardé cette scène se dérouler plusieurs fois, pendant des jours, sans qu’il me voie. J’avais besoin de comprendre. De voir.

Il n’était pas un monstre. Avec eux, il était doux. Responsable. Aimant.

Et ça me rendait folle.

Il avait été sincère… avec deux femmes à la fois.

Quand je lui ai enfin demandé, il n’a pas nié. Il s’est effondré, en larmes. Il disait m’aimer. Il disait que c’était arrivé sans qu’il sache comment. Qu’il n’avait jamais eu l’intention de me trahir ainsi.

Mais on ne mène pas une double vie sans intention. On la construit. Jour après jour. Mensonge après mensonge.

Je n’ai pas crié. Je n’ai pas pleuré.

Je suis partie.

Et pour la première fois depuis longtemps, je n’étais plus l’autre femme dans sa vie. J’étais la seule dans la mienne.

Leave a Comment