Le terminal de l’aéroport d’Otopeni était calme ce soir-là, les voyageurs se hâtant de regagner leurs portes d’embarquement après le dernier vol en provenance d’Istanbul. Le bruit des valises roulantes se mêlait aux annonces diffusées en arrière-plan, et l’agent Andrei Popescu observait la foule avec la concentration qu’il avait affinée au fil des années. Sa partenaire, Luna, une berger allemande au regard perçant, inspectait silencieusement les bagages à ses côtés. Elle avait acquis une réputation impeccable en trois ans de service, une loyauté sans faille et une discipline irréprochable.
Cependant, ce soir-là, quelque chose était différent. Luna se tendit brusquement, ses oreilles se dressant. Andrei, perçant les lignes de la foule, remarqua une femme poussant une poussette qui semblait légèrement nerveuse. Ses instincts de professionnel se réveillèrent immédiatement, mais il n’eût pas le temps de réagir. Luna, habituellement calme et maîtrisée, se redressa brusquement, les muscles tendus. Son regard s’intensifia, et un grondement sourd s’échappa de sa gorge.
La femme, pâlissant, se saisit fermement de la poignée de sa poussette, visiblement effrayée par la réaction du chien. D’une voix tremblante, elle s’écria :
— « Tenez ce chien éloigné de mon enfant ! »
Andrei tenta de calmer Luna, mais pour la première fois en trois ans, le chien ne se laissa pas dominer. Avant qu’il n’ait pu réagir, Luna sauta vers la poussette. Tout se passa si vite. En un instant, la couverture bleu clair qui recouvrait l’enfant glissa de la poussette. Ce qui s’y trouvait fit suspendre le temps dans l’aéroport. Les yeux ébahis des témoins se posèrent sur un bébé… mais pas un bébé ordinaire. Le petit corps était enveloppé d’un tissu étrange, et son visage n’était pas humain. Le regard d’Andrei se figea.
Un silence de plomb s’installa dans le terminal. La foule était figée, incapable de comprendre ce qu’ils venaient de découvrir.